"Et vous, qu'avez-vous vu par votre fenêtre aujourd'hui ? Dites-le en commentaire."
pouvoir se poser un peu fait parti de la déconnection.
10/17/20259 min temps de lecture
🌿 Ce que j’ai vu par la fenêtre quand j’ai arrêté de regarder l’écran
Il y a quelques semaines, je me suis assis près de la fenêtre de mon salon, comme souvent le matin. Café à la main. Regard vague. Téléphone en main.
Et puis, sans raison précise, je l’ai posé. Face contre table. Comme on pose une cuillère après avoir mangé.
Je ne comptais pas faire une expérience. Je n’avais aucun objectif. Juste… envie de respirer.
J’ai tourné les yeux vers la rue. Et là, quelque chose d’étrange s’est produit.
J’ai vu.
Pas en passant. Pas distraitement. Vraiment vu.
La lumière du soleil qui glissait sur les tuiles du toit d’en face. Les feuilles du marronnier qui dansaient, doucement, comme si elles se racontaient des secrets. Un chat gris, allongé sur un mur, les pattes étirées, le ventre offert au soleil d’automne.
Et moi, je suis resté là. Sans bouger. Sans rien faire. Juste… à regarder.
Et pendant ces quelques minutes, j’ai eu l’impression de retrouver un muscle oublié. Celui de l’attention. Celui de la présence.
Parce que depuis combien de temps je ne regardais plus vraiment ? Depuis combien de temps mes yeux étaient-ils collés à un écran, même quand je croyais "juste vérifier" ?
Je me suis demandé : et si, chaque jour, je laissais mon téléphone de côté pendant 15 minutes, pour simplement regarder par la fenêtre ?
Alors j’ai essayé. Pendant une semaine. Puis deux. Et chaque jour, j’ai vu quelque chose de nouveau. Quelque chose que je n’avais jamais remarqué avant.
Et aujourd’hui, je voulais vous raconter tout ça. Parce que peut-être, vous aussi, vous avez oublié ce que c’est que de voir sans chercher, de regarder sans attendre de réponse.
Une habitude silencieuse, mais puissante
On ne s’en rend pas compte, mais notre regard a changé. Profondément.
Avant, quand on était assis près d’une fenêtre, on regardait. On observait. On rêvassait. On suivait un oiseau, un nuage, un enfant qui courait.
Aujourd’hui, quand on est près d’une fenêtre, on regarde… notre téléphone. Même si on est seul. Même si on n’attend aucun message.
C’est devenu un réflexe. Comme se gratter quand on a la peau qui pique. Sauf que là, c’est le cerveau qui gratte. Il cherche du stimulus. Du mouvement. De l’information.
Et du coup, la fenêtre ? Elle est devenue un simple cadre. Un décor. Parfois, elle n’existe même plus.
Pourtant, elle est toujours là. Avec son monde vivant derrière la vitre.
Mais nous, on ne voit plus.
On voit les choses, oui. Mais on ne remarque plus.
Et pourtant… c’est dans ces petits riens que la vie se niche. Dans le vol d’un moineau. Dans la couleur d’un rideau qui flotte. Dans le sourire d’une voisine qui arrose ses fleurs.
Et si on reprenait ce droit simple : celui de regarder ?
Le premier jour : un chat, un vélo, une lumière
Le premier matin, donc, j’ai posé mon téléphone. Sur la chaise d’à côté. Hors de portée. Pour éviter la tentation.
J’ai mis mon café devant moi. J’ai respiré. Et j’ai tourné les yeux vers la rue.
Rien de fou. Une voiture passe. Un cycliste. Le facteur.
Et puis, soudain, j’ai vu un chat. Un gros matou roux, avec une oreille déchirée. Il marchait lentement sur le mur du jardin d’à côté, comme un roi sur son royaume.
Je l’ai suivi des yeux. Il a sauté sur une branche, traversé le trottoir, disparu sous une voiture.
Et là, j’ai pensé : « Tiens. Il est là tous les jours, ce chat ? »
Jamais je ne m’étais posé la question.
Plus tard, une femme est sortie avec un vélo bleu. Elle a soulevé la selle, a sorti un petit sac plastique, et l’a rangé dedans. Puis elle est partie.
Pourquoi rangeait-elle son sac là ? Pour qu’il ne prenne pas la pluie ? Pour ne pas l’oublier ? C’était une micro-histoire. Insignifiante. Et pourtant, elle m’a fait sourire.
En fin de matinée, la lumière a changé. Elle est passée du jaune clair au doré. Et elle a touché la façade en pierre d’en face, la faisant briller comme du miel.
Et moi, je suis resté là. À rien faire. À tout voir.
Et je me suis dit : « C’est fou. Je vis ici depuis 12 ans. Et c’est la première fois que je vois vraiment ce quartier. »
Le regard apprivoisé
Au début, c’était bizarre. Comme quand on arrête de mâcher du chewing-gum après des années. On oublie qu’on peut vivre sans.
Mon cerveau cherchait quoi faire. Il voulait du contenu. Des notifications. Un truc à lire.
Mais j’ai tenu bon. Je me suis forcé à rester. À laisser le silence s’installer.
Et peu à peu, quelque chose s’est passé.
Mes yeux ont commencé à chercher autre chose.
Pas du nouveau. Pas du spectaculaire. Mais du vivant.
Un oiseau qui picore dans la terre. Une feuille qui tombe en tourbillonnant. Une vieille dame qui met du pain sec pour les pigeons.
Des choses que je voyais, oui… mais que je ne voyais pas.
Comme si j’avais appuyé sur un bouton “pause” dans ma tête.
Et ce bouton-là, il existe vraiment. Il s’appelle l’attention volontaire.
Pas celle qu’on donne aux écrans — rapide, dispersée, addictive.
Non. L’autre. Celle qu’on donnait aux choses quand on était petit. Celle qui dit : « Tiens, regarde. C’est beau. »
Ce que j’ai vu, jour après jour
Voici un peu de ce que j’ai découvert, simplement en levant les yeux :
Le mercredi, il y a un homme qui sort à 8h17 très précisément. Costume gris, mallette noire. Il s’arrête toujours devant la boulangerie, mais n’entre jamais. Il regarde juste à l’intérieur, comme s’il hésitait. Puis il continue. Depuis trois semaines, je me demande : achète-t-il un jour ? A-t-il perdu un proche ici ? Je ne saurai jamais. Et c’est bien comme ça.
Le vendredi, une petite fille revient de l’école. Elle porte un cartable rose trop grand pour elle. Elle saute à cloche-pied sur les dalles du trottoir. Tous les deux jours, elle rate une case et doit recommencer. Et elle rit. Chaque fois. Comme si c’était le jeu le plus drôle du monde.
Le dimanche matin, un couple âgé sort promener leur chien. Un vieux caniche blanc. Ils marchent lentement. S’arrêtent souvent. Parfois, ils s’assoient sur un banc, sans parler. Juste là. Ensemble. Et moi, je les regarde, et je pense : voilà ce que c’est, l’amour tranquille.
Un matin de pluie, j’ai vu une libellule. Perdue. Qui volait près de la fenêtre, heurtant doucement la vitre. Je l’ai observée un long moment. Elle cherchait une issue. Puis, d’un coup, elle a trouvé un interstice, et elle est sortie. Libre. Et moi, j’ai ressenti une joie stupide. Comme si c’était moi qui venais d’échapper à quelque chose.
Le monde, vu d’ici
Ce qui m’a frappé, c’est que rien n’était extraordinaire.
Pas de paysage de carte postale. Pas de drame. Pas de miracle.
Juste la vie. Banale. Répétitive. Mais incroyablement riche.
Parce que quand on ralentit, on découvre que le banal est rempli de mystère.
Pourquoi ce voisin ferme-t-il toujours ses volets à 18h pile ?
Pourquoi cette plante pousse-t-elle mieux sur le balcon d’à côté ?
Qui laisse des fleurs fraîches sur le rebord de la fenêtre du troisième ?
On ne connaît pas les réponses. Et c’est bien.
Parce que le mystère, c’est ce qui garde les yeux ouverts.
Et puis, il y a les saisons. Que je n’avais jamais vraiment vues passer.
Les bourgeons au printemps. La canicule de l’été, où tout semble figé. L’automne, avec ses feuilles rousses qui dansent. L’hiver, où le monde semble retenir son souffle.
Avant, je disais : « Ah, il fait froid, c’est l’hiver. »
Maintenant, je vois : les toits couverts de givre, les gens qui marchent plus vite, les lumières qui s’allument plus tôt.
Je remarque.
Et c’est fou comme ça change la journée.
Et mon téléphone, dans tout ça ?
Évidemment, je n’ai pas abandonné mon téléphone. Je ne suis pas devenu ermite.
Je l’utilise encore. Pour appeler. Pour les démarches. Pour garder le lien avec ma sœur, loin d’ici.
Mais maintenant, je décide quand.
Avant, c’était lui qui décidait. Une vibration, un petit son, et hop : je plongeais.
Maintenant, je le mets de côté. Surtout le matin et le soir. Ces moments fragiles où l’esprit est calme, ouvert.
Et je me dis : « Toi, tu attends. Moi, je vais regarder. »
Et chaque fois, je gagne.
Pas contre le téléphone.
Contre ma propre distraction.
Pourquoi ça fait du bien ?
Parce que regarder par la fenêtre, c’est une forme de méditation. Sans posture, sans appli, sans professeur.
C’est juste : être là. Présent. Disponible.
Et dans ce simple acte, on retrouve plusieurs choses essentielles :
1. La paix mentale.
Pas de publicité. Pas de conflit. Pas d’urgence. Juste le présent. Et c’est déjà beaucoup.
2. La connexion au réel.
Le monde physique existe. Il est là. Il respire. Et il ne demande rien. Il est juste… là.
3. Le plaisir de l’inutile.
Regarder un nuage, ce n’est bon à rien. Aucun retour sur investissement. Et pourtant, c’est précieux.
4. La mémoire sensorielle.
On retient les odeurs, les sons, les lumières. Et plus tard, ces images reviennent. Comme des trésors.
5. L’humilité.
On comprend qu’on n’est pas au centre. Que la vie continue, avec ou sans nous. Et c’est rassurant.
Essayez, vous verrez
Je ne vous demande pas de tout changer. Ni de supprimer vos apps. Ni de devenir technophobe.
Juste… essayez.
Demain matin, posez votre téléphone. Pas loin. Juste hors de portée.
Asseyez-vous près d’une fenêtre. Avec un thé, un café, ou rien.
Et regardez.
Sans but. Sans attente.
Observez.
Qu’est-ce que vous voyez ?
Un arbre ? Une rue ? Un ciel ?
Et dedans… qu’est-ce qui bouge ?
Un oiseau ? Un chat ? Une poubelle qui roule ?
Et les gens ? Comment marchent-ils ? Ont-ils l’air pressés ? Fatigués ? Heureux ?
Et la lumière ? Où tombe-t-elle ? Sur quel mur ? Quelle couleur a-t-elle ce matin ?
Restez 5 minutes. Puis 10. Puis 15.
Et notez, dans un carnet, ou juste dans votre tête :
« Aujourd’hui, j’ai vu… »
Peut-être rien.
Peut-être tout.
Les erreurs à ne pas faire
Je veux être honnête : ce n’est pas toujours facile.
Voici ce que j’ai appris en chemin :
🔸 Ne cherchez pas le spectacle.
Si vous attendez un cerf dans la rue ou un arc-en-ciel géant, vous serez déçu. Le charme est dans le simple.
🔸 Ne forcez pas.
Si vous êtes tendu, fatigué, stressé… ce n’est peut-être pas le bon moment. Revenez-y plus tard.
🔸 Ne comparez pas.
Votre fenêtre n’est pas forcément belle. Moi, j’ai un mur d’en face. Mais même un mur, ça vit. Des graffitis changent. Des plantes poussent dans les fissures.
🔸 Ne culpabilisez pas. Si vous reprenez votre téléphone après 2 minutes, ce n'est pas grave. Demain, ce sera peut-être 10.
Un muscle à entraîner
Regarder, c'est comme marcher. Ou respirer. On croit que c'est naturel. Et pourtant, on peut l'oublier.
Notre attention est devenue rapide, courte, distraite . Comme un oiseau qui sautille partout sans se poser.
Mais elle peut redevenir longue, douce, paisible . Comme un chat qui s'étire au soleil.
Il suffit de la réapprendre. Pas en une journée. En petites étapes.
Comme un jardinier qui revient chaque jour arroser sa plante.
Et si on sortait ?
Après quelques jours de fenêtre, j'ai eu envie d'aller plus loin.
Je suis sorti. Sans téléphone. Juste avec mes yeux.
Et là, c'était encore plus fort.
Le bruit des pas sur les feuilles mortes. L'odeur de la terre humide. Les enfants qui crient dans la cour de récré. Un vieux qui joue aux boules, tout seul, en marmonnant.
Et moi, je marche. Lentement. Sans destination.
Et j'ai compris : déconnecter, ce n'est pas fuir le monde. C'est y entrer vraiment.
Mon conseil simple
Si vous voulez essayer, voici ce que je vous propose :
➡️ Choisissez un moment fixe chaque jour. Exemple : après le petit-déjeuner, ou avant le dîner.
➡️ Posez votre téléphone dans une autre pièce. Ou mettre-le en mode avion.
➡️ Asseyez-vous près d'une fenêtre. Ouvrez-la si possible. Laissez entrer le son, l'air.
➡️ Regardez. Sans rien faire d'autre. Même 5 minutes.
➡️ Notez mentalement (ou par écrit) une chose que vous avez vue. Exemple : « Un pigeon a picoré un morceau de pain pendant 3 minutes. »
Faites-le 3 jours. Puis 7. Et observez ce que ça fait en vous.
Peut-être rien. Peut-être beaucoup.
La beauté du carême
Dans un monde qui va vite, ralentir devient un acte de résistance.
Pas de violence. Pas de colère. Juste : « Moi, je prends mon temps. »
Et c'est puissant.
Parce que quand on ralentit, on commence à choisir .
On choisit ce qu'on regarde. Ce qu'on écoute. Ce qu'on vit.
Et ce choix, c'est la liberté.
En conclusion : regardez. Vraiment
Je ne sais pas ce que vous verrez par votre fenêtre.
Peut-être un arbre. Peut-être une cour intérieure. Peut-être une rue animée.
Mais je sais une chose : il y a quelque chose à voir.
Pas besoin de partir de loin. Pas besoin d'acheter quoi que ce soit. Pas besoin d'être expert.
Juste… lever les yeux.
Et laissez le monde entrer.
Parce que parfois, la plus grande aventure, ce n'est pas ailleurs. C'est juste là, derrière la vitre, dans un rayon de soleil, dans un chat qui s'étire, dans un enfant qui rit.
Et si vous osiez, dès demain matin, poser votre téléphone et regarder ?
Vous pourriez être surpris. De tout ce que vous avez oublié.
Et moi, je serai là, près de ma fenêtre, à guetter le prochain passage du chat roux.
Et si vous testez cette expérience, j'aimerais tant que vous me racontiez : qu'est-ce que vous avez vu ?
Parce que chaque regard, même le plus simple, est une petite victoire sur le bruit du monde.
Contact
Nous aimerions avoir de vos nouvelles.
Suivez-nous
Abonnez-vous
© 2025. All rights reserved.